Michel Durand Nolett, membre de la communauté W8banaki d'Odanak, possède de vastes connaissances au sujet des plantes médicinales qui se trouvent sur le Ndakina, le territoire traditionnel de la Nation W8banaki sur lequel la Réserve naturelle Gault se trouve aujourd’hui. Monsieur Durand Nolett, qui est engagé activement dans la transmission de connaissances, a gentiment accepté de nous partager l’histoire et les usages de certaines plantes médicinales qui se trouvent sur la montagne et aux alentours. Cette année, nous avons publié chaque mois, dans InfoGault, une capsule présentant les utilisations d'une plante médicinale se trouvant à la Réserve naturelle Gault.
Veuillez noter que pour préserver l’équilibre de l’écosystème de la Réserve, toute cueillette d’un élément naturel est interdite.
Le thuya occidental - Môlôdagw
Le thuya occidental (Thuja occidentalis) est communément appelé cèdre, bien qu’il soit différent des vraies espèces de cèdres dans l’Ouest Canadien et en Europe. Nous pouvons identifier ce conifère grâce à ses feuilles composées d’écailles qui se ramifient et se chevauchent. Vertes à l’année longue, ces feuilles ont une forte odeur qui est facilement reconnaissable. Le thuya est une des sources de nourriture préférée du cerf de Virginie (Odocoileus virginianus). Peut-être l’aurez-vous remarqué si vous avez une haie à la maison!
Les Abénakis utilisaient le thuya pour faciliter la respiration et soigner les zones, disons, les plus délicates du corps, nous raconte monsieur Durand Nolett.
Le hêtre à grandes feuilles - Wajoimizi
Le hêtre à grandes feuilles (Fagus grandifolia) est l’une des espèces d’arbre les plus abondantes à la Réserve avec l’érable à sucre (Acer saccharum). Le hêtre est « un arbre assez facile à reconnaître en forêt parce que son écorce est très très très lisse » explique monsieur Durand Nolett. Certains comparent même son tronc gris à une patte d’éléphant.
Contrairement à la majorité des arbres feuillus, les feuilles de cette espèce restent sur les branches tout l’hiver. Au printemps, les Abénakis cueillaient les feuilles brunies et sèches du hêtre afin de soigner les plaques d’eczéma.
Le framboisier - Sgueskimen
L’été c’est le temps des framboises. Largement disponibles dans nos épiceries elle vient égayer desserts et pâtisserie. Si les plants cultivés permettent une récolte facile et abondante, les plans sauvages se retrouvent un peu partout.
Facile à reconnaître, le framboisier (Rubus idaeus) se retrouve dans un boisé, le long d’un ruisseau, ou entre deux bâtiments, cette plante omniprésente est populaire pour son délicieux fruit rouge. Le framboisier est un parfait exemple du fameux dicton d’Hippocrate « Que ton aliment soit ton médicament … ». En effet, les Abénakis utilisent le fruit et les feuilles de cette plante couramment. Découvrez de quelle façon avec Michel Durand Nolett.
Le bouleau à papier - Maskwamozi
Le bouleau à papier (Betula papyrifera) obtient son nom de son écorce blanche qui a tendance à se détacher du tronc en « feuilles ». Les Abénakis récoltaient l’écorce du bouleau à papier au printemps pour fabriquer des récipients. Ces récipients étaient utilisés, entre autres, pour récolter de la nourriture et des plantes médicinales, mais aussi pour faire bouillir de l’eau! En effet, aussi longtemps qu’il y aura de l’eau dans le récipient, l’écorce du bouleau ne brûlera pas, explique monsieur Durand Nolett.
Le bouleau était également utilisé pour la fabrication de canot. Bien que les bouleaux qui poussent à la Réserve soient de taille respectable, cet arbre peut atteindre jusqu’à 25 m de haut. Monsieur Durand Nolett raconte que certains avaient un diamètre assez gros pour qu’une seule feuille d’écorce suffise pour faire un canot.
L'impatiente du cap
L’impatiente du cap (Impatiens capensis) est une espèce qui préfère les milieux humides, comme en bordure des lacs, des ruisseaux ou des étangs. Elle peut atteindre jusqu’à 2 mètres de haut. L’impatiente du cap produit ses premières fleurs de l’année en juillet. Orangée et tachetée de rouge, la fleur a une forme complexe rappelant les orchidées.
Les Abénakis recourraient à cette plante en cas de contact avec l’herbe à puce (Toxicodendron radicans). Ils coupaient la tige d’un gros spécimen pour récolter la sève. Cette substance dont la texture ressemble au latex, pouvait alors être étendue sur la zone de la peau affectée.
La prêle - Kipskol
La prêle est une petite plante qui pousse dans les milieux humides près des cours d’eau. D’apparence touffue, cette plante est communément appelée « queue de renard » par les aînés Abénakis, raconte Monsieur Durand Nolett.
Cette plante était d’abord séchée puis broyée en une fine poudre qui pouvait être utilisée pour contrôler les saignements abondants. Cette propriété lui vient de sa forte concentration en silice.
La verge d'or - Wizôwatawa
Chaque été en août, la nature transforme « le Pré » de la Réserve naturelle Gault en tableau féerique. À cette période de l’année, les verges d’or (Solidago sp.) en fleurs s’étendent à perte de vue, teintant le paysage d’un jaune doré.
Les Abénakis récoltaient la verge d’or en fleurs et la faisait sécher. Elle était consommée en tisane pour traiter les problèmes urinaires, nous explique monsieur Durand Nolett.
La quenouille à feuilles étroites
La quenouille à feuilles étroites (Typha augustifolia) est la plus petite des deux espèces de quenouilles qui poussent en bordure des cours d'eaux québécois. Les Abénakis en récoltent les rhizomes, la partie qui se trouve sous le sol et sert de réserve alimentaire à la plante. Une fois broyés, les rhizomes forment une farine qui est alors utilisée pour la fabrication du pain, raconte Michel Durand Nolett.
La partie brune à la tête de la quenouille a, quant à elle, une tout autre utilité. Pour en savoir plus, visionnez la capsule vidéo.
Pin blanc - Koa
Le pin blanc (Pinus strobus) est le plus grand arbre de l’est du Canada. En effet, ce conifère peut atteindre des hauteurs dépassant les 30 mètres, soit aussi haut qu’un immeuble de 9 étages! On reconnaît, entre autres, cet arbre par ses aiguilles longues groupées par 5. Les Abénakis utilisent les jeunes pins pour un usage médicinal spécifique.
Le bouleau jaune
Le bouleau jaune (Betula alleghaniensis) est l’emblème arboricole du Québec. Bien qu’il peut être difficile à différencier du bouleau blanc (ou bouleau à papier), il possède une odeur qui lui est particulière. En effet, lorsqu’on gratte le bout des tiges, nous pouvons sentir une odeur de menthe.
Le bouleau jaune était utilisé en hiver lors de longues marches entre les campements. « Aujourd’hui on prend des barres énergétiques quand on marche en forêt. [Les abénakis] prenaient le bouleau jaune. », explique monsieur Durand Nolett dans sa capsule vidéo.
En savoir plus
Ce projet a été réalisé en partenariat avec le Service des initiatives autochtones de l’Université McGill et le Grand Conseil de la Nation Waban-Aki. Pour en savoir plus sur les plantes médicinales du Ndakina, consultez l’ouvrage de Michel Durand Nolett : Plantes du soleil levant Waban Aki.