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03 février 2022

L’agrile du frêne : un ennemi petit, mais vorace

Les visiteurs de la Réserve naturelle Gault se demandent probablement pourquoi on y trouve autant d’arbres morts ou dépérissants et de débris de bois mort au sol. Eh bien, c’est parce que la forêt n’est pas entretenue… et c’est volontaire! Il est évident que la forêt ne requiert pas d’intervention humaine pour exister – après tout, la nature s’en charge très bien depuis des millénaires. La forêt du mont Saint-Hilaire est l’une des dernières de la région qui n’a pas été aménagée par l’homme pour une raison ou une autre. Cette type de forêt ancestrale fait que la Réserve est un lieu si précieux pour l’enseignement et la recherche.

Toutefois, la forêt n’est pas à l’abris des conséquences parfois inattendues de l’activité humaine. L’une de ces menaces est un petit ennemi vorace : l’agrile du frêne (Agrilus planipennis). Cette espèce envahissante s’attaque, son nom le dit, aux frênes. Il peut s’écouler jusqu’à 10 ans avant qu’un arbre infesté ne meure, mais en même temps, sa structure s’en trouve compromise, ce qui le rend vulnérable par grand vent. Notre équipe est donc à pied d’œuvre toute l’année pour examiner les frênes le long des sentiers de la Réserve et abattre ceux qui présentent un risque pour les randonneurs.

Comment l’agrile tue-t-il les frênes?

L’infestation commence quand l’agrile du frêne adulte vient pondre ses œufs dans les crevasses de l’écorce. Après l’éclosion, les larves mâchent le bois et creusent des tunnels serpentins, appelés « galeries ». Devenu adulte, l’insecte quitte son abri, mais le réseau de galeries qu’il laisse derrière nuit à la circulation de l’eau et des nutriments dans le tronc de l’arbre. Avec le temps, ce dernier en meurt, ayant pourri de l’intérieur.

Un stagiaire transporte des billots vers une remorque
Le stagiaire CCC Matthew Yen transporte les billots d'un frêne infesté en vue de leur élimination (photo : Alex Tran)

Pourquoi certaines espèces deviennent-elles envahissantes?

Voilà quelques décennies que l’on voit les espèces envahissantes, comme l’agrile du frêne, se multiplier. C’est que pour elles comme pour nous, il est devenu facile de voyager d’un continent à l’autre. Étant originaire d’Asie, l’agrile du frêne aurait été introduit en Amérique du Nord dans les années 1990 par l’intermédiaire de fournitures d’expédition comme des caisses et des palettes de bois, croient les experts.

Comme les frênes d’Amérique du Nord n’ont pas évolué en présence de l’agrile, ils ne sont pas adaptés pour se défendre contre cet insecte ravageur. (On dit des frênes d’ici qu’ils sont écologiquement « naïfs ».) Qui plus est, la plupart des animaux insectivores, comme les pics-bois, n’ont pas ajouté ce nouvel arrivant à leur diète. Résultat : les populations d’agrile du frêne ont explosé, et la répartition de l’espèce s’est beaucoup étendue depuis les premiers signalements de sa présence en 2002.

Que peut-on faire?

Malheureusement, les chances sont bien minces que l’on puisse éradiquer l’agrile du frêne maintenant qu’il est sur le continent. Mais la bonne nouvelle, c’est que même si la recherche se poursuit sur les stratégies pour le combattre, il y a des gestes que l’on peut déjà poser pour réduire l’étendue et la gravité des infestations. Tout d’abord, éviter de transporter des branchages et du bois de chauffage d’une région à une autre. Et ensuite, si l’on a des frênes sur sa propriété, s’informer sur les traitements et les services d’abattage proposés dans sa municipalité.

  • Vous trouverez ici plus d’information sur l’agrile du frêne à Mont-Saint-Hilaire.
  • Pour en savoir plus sur la situation dans la province, visitez le site Web du Conseil québécois des espèces exotiques envahissantes (CQEEE).

Frédérique Truchon
Chargée des communications
Réserve naturelle Gault de l’Université McGill

En-tête : Martin Lacasse montre les galeries que les larves de l'agrile du frêne laissent dans le tronc des frênes touchés (photo : Alex Tran)

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