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04 décembre 2025

Comprendre comment arbres, sol et ruisseaux sont connectés

Les travaux avancent le long de West Creek. Des stations blanches et rectangulaires apparaissent, des puits sont forés… et on branche les arbres. Hein? Ces stations font partie d’un projet de recherche à long terme mené par le groupe de recherche en systèmes écohydrologiques (ECOHYDROS), dirigé par Geneviève Ali, professeure aux départements des sciences de la Terre et des planètes et de géographie à l’Université McGill.

Installées au cours de l’été, ces stations recueillent des données précieuses pour développer une compréhension inédite du petit ruisseau qui serpente le long du sentier jaune et de la passerelle.

Geneviève Ali mesure un arbre avant d'y installer un capteur de flux de sève (photo : Alex Tran)

À quoi le groupe de recherche s’intéresse-t-il?

Le projet vise à créer un ensemble de données à long terme sur la connectivité hydrologique multidimensionnelle, ou, plus simplement, la manière dont l’eau circule dans, hors et entre les ruisseaux, le sol, les arbres et l’air. Comme l’explique Geneviève Ali, ces données aideront les scientifiques à mieux comprendre le fonctionnement des systèmes hydrologiques forestiers.

Collecter des données sur plusieurs années, comme prévu dans ce projet, permettra probablement de confirmer certaines connaissances, mais aussi de remettre en question des idées bien établies sur le rôle des arbres dans la régulation du mouvement de l’eau dans le sol. Ces nouvelles connaissances offriront des pistes pour mieux protéger et gérer nos forêts.

Un capteur de flux de sève installé dans le tronc d’un hêtre (photo : Alex Tran)

Un coup d’œil sur l’installation sur le terrain

Cet été, les assistant.e.s de terrain ont eu l’occasion de rencontrer l’équipe ECOHYDROS lors d’une de leurs journées d’installation. À leur arrivée, la zone près de la source avait été transformée en un enchevêtrement de fils, de panneaux solaires et de ce qui ressemblait à des prises électriques branchées dans les arbres.

Le site comprend trois puits dans la zone riveraine, un profileur d’humidité du sol, plusieurs arbres équipés de capteurs de flux de sève protégés par un matériau réfléchissant, ainsi qu’un enregistreur de données qui gère les mesures et le contrôle, alimenté par une batterie et un panneau solaire.

Les puits permettent de déterminer la profondeur de la nappe phréatique, tandis que le profileur suit la température, l’humidité et la salinité du sol jusqu’à un mètre de profondeur. Les capteurs de flux de sève sont particulièrement intéressants : ils mesurent la quantité d’eau dans chaque arbre et la direction du flux de sève. Tous ces instruments enregistrent des données toutes les 15 minutes.

Un ruisseau en forêt.

Photo : Alex Tran

Relier toutes les données

Sur de longues périodes, le suivi du flux de sève est l’un des meilleurs indicateurs de la transpiration, soit l’eau que les arbres « transpirent » par leurs feuilles. Dans des paysages forestiers comme Gault, la transpiration, combinée à l’évaporation, est la principale voie par laquelle l’eau retourne dans l’atmosphère.

Même si la transpiration est un processus bien étudié, y compris dans des forêts majeures comme l’Amazonie, il reste surprenant de mesurer avec précision la quantité d’eau réellement perdue. On sait également encore peu de choses sur la transpiration au cours des saisons intermédiaires (printemps et automne) ou lorsque les plantes subissent un stress, que ce soit par manque ou excès d’eau.

En reliant les mesures du débit des ruisseaux, de l’humidité du sol, de la température et de la salinité, du niveau des eaux souterraines et des taux de transpiration mesurés par le flux de sève, ce projet offrira un niveau de détail rarement atteint pour comprendre le mouvement de l’eau dans la forêt.

Les membres de l’équipe ECOHYDROS (Liya, Olivier, Seonaid, Alina, Cléa, Florence et Liam) creusant un puits près de la source (photo : Alex Tran)

Quel impact pour vous?

L’hydrologie est partout : sous nos pieds, le long des routes que nous empruntons et dans nos espaces naturels. Grâce à ce projet et à la base de données qu’il produira, le groupe ECOHYDROS pourra comparer la manière dont l’eau circule dans des forêts intactes à son déplacement dans des milieux plus perturbés, comme des rivières bordées de terres agricoles ou de quartiers résidentiels. Comprendre ces différences aidera à mieux évaluer l’influence de l’aménagement du territoire sur le mouvement de l’eau.

Cette recherche est particulièrement précieuse pour la région du mont Saint-Hilaire, qui servira de référence pour les cours d’eau du bassin versant élargi du Richelieu. Plus nous comprenons comment l’eau circule dans nos paysages, mieux nous pouvons identifier les zones, les communautés végétales et les processus naturels qui nécessitent le plus de protection ou de restauration. En fin de compte, ces connaissances contribuent à des rivières plus propres et plus saines, pour les humains comme pour la faune.

Samuel Massey
Assistant aux opérations de terrain en 2024 et 2025
Réserve naturelle Gault

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