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18 mai 2021

Les cerfs aiment les fleurs !

Après les pluies d’avril, les premières éphémères du printemps ont commencé à éclore à la Réserve : claytonie de Virginie (Claytonia virginica), érythrone d’Amérique (Erythronium americanum) et trille blanc (Trillium grandiflorum) enchantent l’œil au terme d’un long hiver. Comme l’indique le nom éphémère, ces vivaces sortent de terre tôt au printemps et font une courte floraison avant de produire des graines et de flétrir pour ne laisser que leur bulbe ou système racinaire.

Cette stratégie leur permet de jouir d’une grande luminosité, avant que les arbres ne se mettent à feuiller et à ombrager le sol forestier. En retournant en dormance sous terre, les éphémères du printemps limitent le risque de se faire dévorer par les herbivores. Car aussitôt sorties de terre et en floraison, elles deviennent un appétissant repas pour tout animal amateur de plantes, comme le cerf.

Les populations de cerfs ont considérablement augmenté ces dernières années. Les changements climatiques ayant adouci les hivers, et les prédateurs naturels comme le loup et le cougar ayant dû fuir l’étalement urbain, les mécanismes naturels de contrôle ont perdu en efficacité, si bien que les cerfs de Virginie se sont multipliés sans trop être inquiétés.

La Réserve naturelle Gault ne fait pas exception à ce phénomène; les chercheurs œuvrent d’ailleurs à quantifier la population de cerfs de Virginie qui s’y trouve par un arsenal de caméras fauniques, de relevés par hélicoptère et de drones d’imagerie thermique.

D’après les estimations actuelles, il y aurait de 7,8 à 13 cerfs par km2. En temps normal, une forêt nord-américaine de l’Est peut accueillir de 4 à 6 cerfs par km2

La surpopulation de cerfs amène une surconsommation de la végétation au sol des forêts, dont les éphémères du printemps. Encore ici, la Réserve naturelle Gault ne fait pas exception. Voilà une décennie que les chercheurs de la Réserve étudient les effets du broutage des cerfs. Les chercheurs partenaires (principalement de McGill) y étudient les plantes à l’intérieur et à l’extérieur d’un réseau de 32 exclos installés pour ce cervidé. En observant, le trille blanc à titre de témoin, les chercheurs ont constaté que la plante se fait moins abondante dans les endroits fréquentés par le cerf, et aussi beaucoup plus petite.

L’écologie forestière, c’est un ensemble complexe d’interactions qu’un trop grand broutage par le cerf risque de perturber. De fait, on a établi que le broutage excessif réduit l’habitat des oiseaux chanteurs et cause une diminution de leurs populations, en plus de nuire aux plantes indigènes – pour le plus grand bonheur d’espèces envahissantes qui ne craignent pas le cerf, comme le nerprun cathartique (Rhamnus cathartica) et l’herbe à ail (Alliaria petiolate). Or, les éphémères du printemps représentent beaucoup plus qu’une bonne photo pour le randonneur ou un repas pour le cervidé affamé. Elles sont aussi source de nourriture pour les premiers pollinisateurs, certains insectes indigènes allant même jusqu’à faire leur nid à proximité. Diminution des éphémères du printemps rimera donc avec diminution des pollinisateurs indigènes, ce qui peut avoir un malheureux effet domino. Lors de votre prochaine randonnée, dépêchez-vous d’admirer ces fleurs éphémères !

En savoir plus

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Article publié le 12 juillet 2018 dans Le Devoir par Amélie Daoust-Boisvert pour la série Grandeur Nature.

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