En 1968, le conseil d'administration de la Réserve naturelle Gault approuva le rapport Holland sur les zones d'aménagement. Trois secteurs d'aménagement distincts furent créés afin de résoudre le problème de l'équilibre entre l'utilisation de la montagne par l'homme et la préservation de l'écosystème.
Le secteur de préservation sert de refuge aux animaux et de réservoir de diversité biotique à partir duquel les secteurs les plus perturbés de la Réserve peuvent être recolonisés. Cette section de la réserve est la moins perturbée par l'activité humaine. Les restrictions d'accès au secteur de préservation s'appliquent aux activités d'enseignement, de recherche universitaire, et au public en général. Seules les activités de surveillance à long terme et d'inventaire sont autorisées dans le secteur de préservation.
Le secteur public a deux vocations importantes. D'abord, cette section offre un accès et un contact privilégié avec la nature via le réseau de sentiers. Amants de la nature, étudiants et chercheurs s'y donnent rendez-vous et des programmes d’éducation et d’information du public comblent l'intérêt des communautés locales. L'autre vocation du secteur sert aux principales activités de recherche. C'est à cet endroit que des études expérimentales non permises dans le secteur de préservation peuvent être effectuées.
Le secteur de service fournit les services d'appui et les installations matérielles au secteur public et de préservation. Il est aussi la porte d'entrée de la Réserve. Il englobe les terrains de stationnement et les différents pavillons, ainsi que leurs abords immédiats et les servitudes correspondantes (routes, lignes électriques).
Pourquoi ne «nettoyons» - nous pas la forêt du mont Saint-Hilaire?
Les visiteurs se demandent parfois pour quelle raison la forêt du mont Saint-Hilaire contient autant de débris de bois mort au sol ainsi que de nombreux arbres morts ou dépérissants. L'aménagement des forêts pour le bois ou le sirop d'érable occasionne, souvent, des conditions plus ouvertes en sous-bois. Encore aujourd'hui, pour de nombreuses personnes au Québec et dans plusieurs pays d'Europe exploitant leur forêt depuis les temps médiévaux, une forêt est propre et en ordre lorsqu’exempte de branches mortes, d'arbustes et de jeunes arbres en sous-bois. La chose importante à réaliser à propos de la forêt de la Réserve naturelle Gault c'est qu'elle n'est pas aménagée du tout, et cela de façon volontaire! Notre souhait est de laisser la nature suivre son cours, de la même façon que devait le faire la grande forêt qui couvrait la région avant l'arrivée des Européens. Il est évident que les arbres d'une forêt ne nécessitent pas l'intervention humaine pour croître — ils ont bien poussé pendant des millénaires, bien avant l'arrivée du premier forestier au Québec. Sur l'ensemble du territoire de la région, il ne reste que très, très peu d'exemples de ce type de forêt ancestrale n'ayant pas été aménagée par l'homme pour une raison ou une autre. Ces restes de vieilles forêts sont des points de référence scientifique inestimables auxquels les forêts plus fréquentes de deuxième génération peuvent être comparées. Certaines plantes et certains animaux ne se retrouvent seulement que dans de vieilles forêts. Nous savons aujourd'hui qu'il peut prendre des siècles pour que la faune et la flore des forêts exploitées puissent retrouver les conditions de vieilles forêts, et ce même si l'aménagement et l'exploitation de ces forêts s'arrêtaient.
Ainsi, ce que nous avons à la Réserve naturelle Gault du mont Saint-Hilaire est un petit morceau précieux de forêt ancestrale. Cette forêt se situe à son extrême limite nord de distribution des forêts feuillues qui s'étendent jusqu'au golfe du Mexique au sud et jusqu'à la rivière Mississippi à l'ouest. C'est ce caractère de vieille forêt qui contribue à la valeur toute spéciale de la Réserve pour l'enseignement et la recherche, et qui la distingue des autres forêts plus perturbées et plus fréquentes des autres collines montérégiennes et de la vallée du Saint-Laurent.
Recommandations de lectures
Bonnicksen, Thomas M. 2000. America's Ancient Forests. From the Ice Age to the Age of Discovery. NY: Wiley.